jeudi 30 avril 2020

FEUILLETON 19 LA GLOIRE

Résumé des épisodes précédents : le festival de Canons de Kroszztrosssjkl  bat son plein, le concert de la CGF est sur le point de commencer. Chacun est à sa place.


30/04/2020 19h36

Épisode 19

En communion avec le reste de l’univers, Aïda joua le Ré de sa seule main gauche, quatre temps qui auraient suffi à ce que la lune tourne autour de la terre. Vint le Do. Tout de suite, il emmena dans une autre galaxie, puis le Si qui n’oublia pas d’être bémol, Aïda connaissait son affaire, enfin le La, qui semblait être la fin mais qui n’était que le rebond d’un commencement. Une seconde fois les quatre notes résonnèrent. Le public fut un peu surpris, comme par toutes les grandes œuvres la première fois qu’elles sont jouées, mais à la quarante deuxième reprise, il était « dedans », comme on dit populairement. A la soixante cinquième, il était en élévation, Aïda en osmose avec le chef et le chœur plus que jamais prêt à entrer dans le jeu. C’est à la quatre vingt septième fois que les basses commencèrent leur litanie - 87 c’est 27 fois 3 plus 12 divisé par 2, chacun aura noté le symbolisme cher à l’auteur – Et là ce fut l’extase, le public fit un oh ! d’admiration parfaitement dans le ton…



Quinze minutes plus tard, les sopranos entraient dans la partie, susurrant plus que le chantant « En chantant ce canon… », doucement soutenues par la main droite d’Aïda, puis les altis et enfin les ténors. 

Le concert avait commencé à 20 h 30, très précises à cause de la retransmission en mondovision, et à 21 h 26 le canon fut chanté à trois voix plus la basse pour la première fois. Il tourna ainsi pendant vingt quatre minutes (le cycle des saisons sur quatre années, quatre étant le nombre de voix de la partition). La première teneur arriva à 21 h 50 et la seconde à 22 h 10. Commença alors le temps de la déconstruction, le chemin inverse en quelque sorte, si bien que le dernier La, joué seul par Aïda, légèrement pointdorguisé, coïncida exactement avec les 23 h 50 que sonnèrent les cloches du clocher de Saint-Kroztsyysraqcwpal.

A 23 h 51, le triomphe fut total et sans réserve, saluts, rentrées en coulisse, retours sur scène, mais, bien évidemment, pas de bis, cela n’aurait pas eu de sens. Les fleurs pleuvaient sur la scène et ce n’est que le lendemain, à minuit vingt sept que les artistes purent se changer et profiter du buffet qui avait été installé dans le jardin à la krorzsqicq de l’opéra municiporoyal.

Là, ce ne furent qu’embrassades, coupes de champagne, félicitations, petits fours, congratulations, remerciements des autorités muniroyales, remise du chèque par le directeur à Alphonsine, remerciements et salutations fort distinguées.

🍾 🥂 🍹

La troupe sortit par l’entrée des artistes sous les flashes de la presse internationale, répondit aux nombreuses demandes d’autographes et revint à l’autobus pour une nuit qui s’annonçait délicieuse. La présidente à la conscience exacte fit l’appel et resta perplexe. Elle refit un tour dans l’autobus, recompta, renomma, et, sûre de son fait, constata qu’il y avait deux absents, Léonide et Melchior…

Sans inquiétude, ils étaient grands, elle laissa au dehors du car une petite notice explicative afin de trouver le bouton rouge qui permettrait de faire pschiiiittt et d’ouvrir la porte. Elle enfila ensuite sa chemise de nuit brodée de petits coquillages ramassés par ses enfants sur la plage de Plouf sur Vagues * et s’endormit, oubliant bien vite les deux retardataires qui ne manqueraient pas de venir se coucher très bientôt...

😪😴💤
🌘

E.P.

À  suivre...



Note de B : * Depuis le 31 mars on aura remarqué que la référence aux organismes issus de la mer gagne du terrain.




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