mercredi 29 avril 2020

EPISODE 17 krodferrsoej krtosfersvgh kroshshste krotarsd

Résumé des épisodes précédents : la CGF est partie en tournée et a étudié à fond le Canon du carton dont tous les morceaux ont enfin été réunis. 


28/04/2020 19h41

Épisode 17

Vers six heures trente, après cette nuit paradisiaque et au moins deux cent vingt six litres de gaz-oil consommés, l’autobus arriva dans la ville de Kroszztrosssjkl, charmante bourgade fortifiée dont le festival de Canons est le plus réputé au monde.


De toute la planète venaient les plus grands spécialistes du canon. Cent quarante deux concerts composaient la programmation de cette 678ème édition, encore plus ancienne que le marché aux plantes * de Lisieux. Quelle chance pour la CGF d’avoir été invitée à pareille manifestation !

De leurs yeux à peines ouverts, les choristes purent apercevoir au travers des vitres de gigantesques affiches avec ces merveilleuses mentions, en lettres d’au moins vingt centimètres de haut, majuscules dorées :


Chorale des Gazouillis Farfelus - Le Canon du Carton 

Les journaux locaux, apportés avec le petit-déjeuner, thé, café, chocolat, tisanes, pains, brioches, saucisses, œufs, confitures, miel, croissants etc. mentionnaient ce concert et ne manquaient pas de noter la fierté des édiles locales à recevoir pareille formation pour un canon qui risquait, d’après les critiques locaux, de remporter la palme du plus beau canon de l’année.


La Présidente aux doigts de fée rougissait à la lecture de tous ces articles, tout en faisant attention de ne pas abuser des petits roulés à la sauce au sucre kroszztrosque, spécialité de la ville de Kroszztrosssjkl. Evidemment, ne connaissant pas la langue locale, le krozrtyysdusl, elle se faisait traduire par le chauffeur qui savait se servir de la machine à traduire, incorporée au tableau de bord du véhicule.

Le petit-déjeuner pris, avant d’aller à l’opéra municiporoyal de Kroszztrosssjkl pour une répétition, chacun eut droit à une heure de temps libre, afin de visiter les boutiques locales et rapporter quelques souvenirs aux amis lexoviens. La spécialité locale, c’est le Kroszztropuhkztlqwi dans une boule de neige. On en trouve des minuscules mais aussi des énormes qui firent la joie de nos choristes, avec des neiges multicolores ou simplement blanches, comme au Mont-Saint-Michel. Anagaëlle préféra acheter de grandes écharpes tissées en kroszztruc mercerisé. C’est une sorte de soie que produisent les krorzsqicq, toutes petites araignées que l’on ne trouve que dans les montagnes de Kroszztrosssjkl, nulle part ailleurs dans le monde.





















Enfin, tous se retrouvèrent à l’opéra municiporoyal. De grandes marches montaient en dos d’âne jusqu’à un portique à l’antique soutenu par d’immenses colonnes corinthiennes où était écrit en krozrtyysdusl sur un panneau magnifiquement peint  

krodferrsoej krtosfersvgh krotarsd kroshshste 

ce  qui  voulait dire  "Bienvenue à la Chorale des Gazouillis Farfelus". Après avoir admiré cette architecture grandiose, emplis de fierté, les choristes firent le tour du bâtiment et entrèrent par l’entrée des artistes. Chacun avait sa loge où il put déposer sa tenue de concert, sa boîte à maquillage et son nécessaire à lustrer barbes et moustaches pour les hommes. **

Le plateau était immense, avec de grands rideaux rouges. On pouvait voir la salle, au moins dix mille places, sièges de taffetas et d’organdi avec des motifs champêtres et, dans un blason, le krorzsqicq, emblème de la ville. Le piano était déjà installé, il faisait au moins quatre mètres douze de long. Aïda, éblouie, s’y installa et, quoiqu’elle ait la plus belle maison de Lisieux, déclara : « Il ne tiendrait jamais dans mon salon ! ». Mais l’important était qu’il possède au moins ces quatre notes, ré, do, si bémol et la.

Le chef disposait d’une magnifique estrade de chef à laquelle on pouvait accéder par un petit ascenseur, et un pupitre en fer forgé exactement réglé à sa taille. Il y déposa la partition du Canon du Carton. Les choristes, installés sur des estrades taillées à leurs mesures exactes, voyaient parfaitement Aïda et le chef, et purent remarquer une acoustique exceptionnelle, offrant à la fois clarté, netteté et petite résonnance idoine.


La répétition se passa fort mal, comme toute les générales. La Présidente aux pieds d’airain dut même se fâcher tant les basses et les altis se dissipaient. Pour ce qui étaient des fausses notes, le chef prit sa part de colère à tel point qu’il interrompit la répétition en disant « Nous sommes prêts… » , ce qui voulait tout dire. 

La journée continua dans les rues et les bistrots locaux où, à deux mètres les uns des autres, l’on put déguster des krosgdtklx et des kroshzzazai, les spécialités locales. Enfin, vers dix-huit heures, il était temps de se préparer pour le concert du soir.




E.P.

A suivre…



Notes de B :

 *  l'auteur veut sans doute parler de la Foire aux arbres et aux plantes.

** On ignore ce qu'il en est des légendaires sourcils du Chef.

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