Résumé des épisodes précédents : la CGF est partie en tournée et a étudié à fond le Canon du carton dont tous les morceaux ont enfin été réunis.
28/04/2020 19h41
28/04/2020 19h41
Épisode 17
Vers six heures trente, après cette nuit paradisiaque et au
moins deux cent vingt six litres de gaz-oil consommés, l’autobus arriva dans la
ville de Kroszztrosssjkl, charmante bourgade fortifiée dont le festival de
Canons est le plus réputé au monde.
De toute la planète venaient les plus grands spécialistes du canon. Cent quarante deux concerts composaient la programmation de cette 678ème édition, encore plus ancienne que le marché aux plantes * de Lisieux. Quelle chance pour la CGF d’avoir été invitée à pareille manifestation !
De toute la planète venaient les plus grands spécialistes du canon. Cent quarante deux concerts composaient la programmation de cette 678ème édition, encore plus ancienne que le marché aux plantes * de Lisieux. Quelle chance pour la CGF d’avoir été invitée à pareille manifestation !
De leurs yeux à peines ouverts, les choristes purent
apercevoir au travers des vitres de gigantesques affiches avec ces
merveilleuses mentions, en lettres d’au moins vingt centimètres de haut,
majuscules dorées :
Chorale des Gazouillis Farfelus - Le Canon du
Carton
Les journaux locaux, apportés avec le petit-déjeuner, thé, café, chocolat, tisanes, pains, brioches, saucisses, œufs, confitures, miel, croissants etc. mentionnaient ce concert et ne manquaient pas de noter la fierté des édiles locales à recevoir pareille formation pour un canon qui risquait, d’après les critiques locaux, de remporter la palme du plus beau canon de l’année.
La Présidente aux doigts de fée rougissait à la lecture de
tous ces articles, tout en faisant attention de ne pas abuser des petits roulés
à la sauce au sucre kroszztrosque, spécialité de la ville de Kroszztrosssjkl.
Evidemment, ne connaissant pas la langue locale, le krozrtyysdusl, elle se
faisait traduire par le chauffeur qui savait se servir de la machine à
traduire, incorporée au tableau de bord du véhicule.
Le petit-déjeuner pris, avant d’aller à l’opéra
municiporoyal de Kroszztrosssjkl pour une répétition, chacun eut droit à une
heure de temps libre, afin de visiter les boutiques locales et rapporter
quelques souvenirs aux amis lexoviens. La spécialité locale, c’est le
Kroszztropuhkztlqwi dans une boule de neige. On en trouve des minuscules mais
aussi des énormes qui firent la joie de nos choristes, avec des neiges
multicolores ou simplement blanches, comme au Mont-Saint-Michel. Anagaëlle
préféra acheter de grandes écharpes tissées en kroszztruc mercerisé. C’est une
sorte de soie que produisent les krorzsqicq, toutes petites araignées que l’on
ne trouve que dans les montagnes de Kroszztrosssjkl, nulle part ailleurs dans
le monde.


Enfin, tous se retrouvèrent à l’opéra municiporoyal. De grandes marches montaient en dos d’âne jusqu’à un portique à l’antique soutenu par d’immenses colonnes corinthiennes où était écrit en krozrtyysdusl sur un panneau magnifiquement peint
krodferrsoej krtosfersvgh krotarsd
kroshshste
Le plateau était immense, avec de grands rideaux rouges. On
pouvait voir la salle, au moins dix mille places, sièges de taffetas et
d’organdi avec des motifs champêtres et, dans un blason, le krorzsqicq, emblème
de la ville. Le piano était déjà installé, il faisait au moins quatre mètres
douze de long. Aïda, éblouie, s’y installa et, quoiqu’elle ait la plus belle
maison de Lisieux, déclara : « Il ne tiendrait jamais dans mon salon ! ».
Mais l’important était qu’il possède au moins ces quatre notes, ré, do, si
bémol et la.
Le chef disposait d’une magnifique estrade de chef à
laquelle on pouvait accéder par un petit ascenseur, et un pupitre en fer forgé
exactement réglé à sa taille. Il y déposa la partition du Canon du Carton. Les
choristes, installés sur des estrades taillées à leurs mesures exactes,
voyaient parfaitement Aïda et le chef, et purent remarquer une acoustique
exceptionnelle, offrant à la fois clarté, netteté et petite résonnance idoine.
La répétition se passa fort mal, comme toute les générales.
La Présidente aux pieds d’airain dut même se fâcher tant les basses et les
altis se dissipaient. Pour ce qui étaient des fausses notes, le chef prit sa
part de colère à tel point qu’il interrompit la répétition en disant
« Nous sommes prêts… » , ce qui voulait tout dire.
La journée continua dans les rues et les bistrots locaux où,
à deux mètres les uns des autres, l’on put déguster des krosgdtklx et des
kroshzzazai, les spécialités locales. Enfin, vers dix-huit heures, il était
temps de se préparer pour le concert du soir.
E.P.
A suivre…
Notes de B :
* l'auteur veut sans doute parler de la Foire aux arbres et aux plantes.
** On ignore ce qu'il en est des légendaires sourcils du Chef.








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