jeudi 23 avril 2020

ANNEXE FEUILLETON 8 LE RÉ MINEUR DÉMASQUÉ

Ci joint, en annexe de l'épisode 8, le mail envoyé par Emmanuel aux choristes. Il concerne le RÉ MINEUR, toute une histoire ! Une sorte de "feuilleton dans le feuilleton."


Bonsoir,
j’espère que tout le monde va bien…
J’ai reçu une question urgente et je ne voudrais pas manquer à mon devoir
Pour le secondement, je n’en sais pas plus que vous…
Bises du soir…
A bientôt…
Emmanuel 
P.S. Je n’ai jamais tant travaillé que pendant ce confinement !!!! *


Numéro Hors-série

Ré mineur, c’est une histoire aussi longue que le pourquoi de la vie, aussi passionnante que le murmure du ruisseau, aussi complexe que la chevelure de Mélisande…

Il faudrait dire Pythagore et tant d’autre qui le suivirent dans ses partitions de cordes, il faudrait dire Jean-Sébastien Bach et son tempérament égal, dire aussi l’Harmonie universelle du Père Mersenne…

Allons au plus simple…

Un son est une vibration… Un bisou est sonore parce qu’il y a vibration de l’air provoquée par les deux lèvres du bisant…

Le nombre de vibrations, qui se calcule en Herz, détermine la hauteur du son… Ainsi, n’importe quel objet (Corde du piano, corde vocale, colonne d’air dans un tuyau d’orgue…) qui vibre à 440 HZ donnera un la… Quand toutes les soprano font vibrer leurs cordes à 440 vibrations par seconde, on obtient un la… Si l’une d’entre elles fait vibrer ses cordes à 435, le pupitre des sopranos chantera faux…

Or, si le la du milieu vibre à 440 HZ, celui du haut (le plus haut du requiem) vibrera à 880 Hz… Pas besoin d’être grand mathématicien pour s’apercevoir que 880 est le double de 440… Le la encore plus haut sera à 1760, celui encore plus haut à 3520 etc… Celui plus bas (ténor) à 220, celui plus bas encore (Basses) à 110 etc…

De cette égalité mathématique résulte une constante universelle (enfin, sur terre) qui se trouve être l’octave (Pas comme Mirbeau, comme huit)… De do à do, de la à la ou de si à si (sans être debout)…

Ensuite, la division de cette octave, en notes (ou en barreau si on parle d’échelle) est entièrement culturelle (liée tout de même à quelques principes physiques)… Ainsi (je résume), les chinois ont divisé cette octave en cinq notes (pentatonique), les Indiens d’Inde en 9 et les Européens en 12, ces douze barreaux étant do, do dièse, re ré dièse etc… On appelle cette échelle, la gamme chromatique…

A la suite de cela, parmi ces douze sons, furent créées des gammes majeures et mineures, une combinaison de 8 notes parmi les douze… Ainsi, do ré mi fa sol la si do est une gamme majeure et la si do ré mi fa sol la une gamme mineure…  Mais existe aussi do mineur ou la majeur, mais, afin de pouvoir garder le même modèle (majeur ou mineur), on va utiliser les touches noires du piano…

Nous avons donc 12 gammes majeures et 12 gammes mineures, ce qui suffit au bonheur de la musique occidentale…

Or il se trouve que ces barreaux de ces gammes ne sont pas divisés de manière totalement égales… Ainsi, un chanteur ne chantera pas exactement à la même hauteur un ré dièse et un mi bémol, bien que sur le piano se soit la même note… Bref, il faudrait là ouvrir le chapitre du tempérament, nous le ferons un autre jour… De même pour un violon, même pour un instrument à vent qui montera un tout petit peu certaines notes…

Alors, pourquoi choisir ré mineur au lieu de sol mineur, par exemple ?

D’abord, le côté mineur apporte une touche plus compassée… La gamme mineur baisse un peu la tête à la troisième note qui est plus basse que dans le mode majeur… Ré mi fa en ré mineur, ré mi fa dièse en ré majeur…

Et pourquoi ré au lieu de sol… D’une part à cause de la facture instrumentale… Par exemple, au violon, commencer par un ré ou un mi n’aura pas du tout la même sonorité puisque le ré est « à vide » (sans poser de doigt sur la corde) contrairement au mi… Et aussi pour certains instruments à vent qui, naturellement, vont sortir telle ou telle note… Et puis si on fait commencer un chœur en Si bémol majeur, il n’aura pas la même sonorité qu’en fa puisque les hauteurs sont différentes et influent sur la suite de la composition…

D’autre part, se trouve une culture de la tonalité… Par exemple, le "Dies Irae" grégorien est en ré mineur, même si à l’époque on ne parlait pas du tout de de cela en nos termes modernes…

Chaque musicien va avoir une sensation différente suivant la tonalité, une sorte d’intuition à choisir telle ou telle note de départ… Quand Beethoven veut faire frapper le destin, par exemple, il utilise Do mineur…

Pour terminer, le principe de tonalité apporte une hiérarchisation des notes… Et la note de la tonalité, le Ré pour ce qui nous concerne, est comme un pôle aimanté… Le morceau commencera sur un ré et finira sur un ré…


* Note de B : cette allusion à un travail intense ( voire excessif) ne serait-elle pas  une discrète et habile demande d'augmentation de la part du Chef ? Affaire à suivre...

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