Notre affiche poissonneuse, imaginée par Emmanuel, se regarde dans les deux sens...
Eh oui, le chef est aussi graphiste .
Notre concert du 31 mars 2020, en plein confinement,
vécu virtuellement mais passionnément grâce au talent de notre chef
EMMANUEL PLEINTEL
dont voici quelques oeuvres.
À lire et relire sans modération...
Rapport de Monsieur Charivari, Inspecteur général des Chorales
de Printemps, mandaté par la Communauté d’Agglos, Briques et Parpaings afin de
savoir si la subvention mirobolante est justifiée ou non.
Le concert du premier avril ayant eu lieu le 31 mars qui lui-même a eu lieu à une date ultérieure, je me suis présenté devant la porte close et ai pu constater ce qui suit..
Je suis venu à Lisieux et j’ai vu…
La répétition générale s’est mal passée…
C’est le moins que l’on puisse dire…
Il a d’abord fallu réaccrocher le lustre du théâtre qui
était tombé à cause de Madame X qui, à force de vocalises personnelles, en a
brisé la chaîne…
Evidemment, la scène, comme le nombre des choristes était
supérieur aux recommandations réglementaires, s’est un peu affaissée…
Heureusement, un certain François, avec son génie du
bricolage, a recloué les planches… Aidé par Béatrice qui en a profité pour lui demander de la ramener avec sa Bugatti...
Enfin, les sopranos avaient levé un mouvement de grève
exigeant la baisse des aigus dans Mozart… Elles prétendaient ne plus pouvoir
joindre les deux bouts de la mesure… Le chef (personnellement je n’aurais pas
cédé) leur a promis un allongement du temps de travail et elles ont enfin
accepté… Et puis la CGT, Confédération Générale des Ténors, a exigé que le
pastis soit servi avant le concert, et non après… (J’estime qu’ils ont raison)
Au point où la répétition en était, rien de pire ne pouvait
arriver…
Et pourtant…
Les alti chantaient la Pavane avec les paroles de l’Ave
Verum, les basses sifflaient un Alleluia sans aucun rapport avec le programme
et la pianiste Marie-Pascale, voulant aider son Dominique, tricotait des
masques entre chaque morceau, voire entre chaque note…
Sans compter qu’avec la distance d’un mètre entre chaque
choriste, l’administration a été obligée de faire ouvrir la cave et le grenier,
le problème n’étant pas les escaliers, mais les araignées qui faisaient grimper
les soprani jusqu’au si bémol, voire une, que je ne nommerai pas, au do dièse…
(A moins que ce soit à cause d’une souris)
Bref, de guerre lasse, le chef a interrompu la répétition en
rassurant tout le monde,
" c’est normal, même chez les plus grands cela se passe comme ça, soyez rassurés, vous serez magnifiques…" (Il y a fort à parier que cette méthode Coué apporte quelques désillusions)
" c’est normal, même chez les plus grands cela se passe comme ça, soyez rassurés, vous serez magnifiques…" (Il y a fort à parier que cette méthode Coué apporte quelques désillusions)
Chacun s’est précipité vers son panier et a grignoté son
petit en-cas, tartiflette, gigot de sept heures, baba au rhum, salade de
limaces ou fromage et a sucé ensuite ses pastilles Bellevoix tout en sirotant
le fameux sirop Gosierdoux afin de parfaire son organe…
Pendant ce temps j’ai pu parler avec le directeur du dit-théâtre
qui m’a assuré de son enchantement à recevoir l’EVGF…
- Cela fait dix ans que je l’espère, me dit-il, même à Nancy
je n’ai pas réussi à le faire venir, vous allez entendre, il est exceptionnel…
Surtout grâce à son chef qui a un secret…
- Ah ! Fis-je étonné…
- Il peut diriger sans les mains…
- Comment cela ?
- Il lui suffit d’insuffler à ses sourcils le Flux avec un
grand F et la magie opère…
Vingt heures, les portes s’ouvrent…
Il y a déjà la queue jusqu’à Saint-Désir, à cause du mètre de
distanciation sociale…
La caisse se remplit, les numéros se divisent en pair et en
impair, la salle bourdonne…
Monsieur le Maire et ses deux partenaires du second tour
sont là, le conseiller communautaire, le président censitaire, la directrice
des services démonstratifs et le sous-adjoint délégué aux questions inutiles et
prépondérantes également…
Vingt heures vingt neuf, tout le monde est assis…
Monsieur le directeur du théâtre fait un discours, c’est
pour moi un grand honneur etc. surtout que dans ce chœur il y a le mien etc. et
je souhaite etc. tout le monde applaudit…
Le noir se fait…
Un temps de silence…
La poursuite fait un rond sur le plateau, au fond à cour…
Le chef se place dedans et la lumière le suit jusqu’en bord
de scène…
Il tient une canne à pêche…
J’ai déjà vu des chef d’orchestre avec de grandes baguettes,
mais à ce point là, c’est la première fois…
Il parle de poissons, de ré, de sol, d’eau…
Etrange…
Ensuite il se met au piano et explique que son rôle est
d’unir la carpe et le lapin (de Pâques précise t’il en sortant un œuf de sa
poche), le jour et la nuit, le corbeau et le renard, l’oiseau et le poisson…
Et il chante… Seul… Un comble pour un chef de chœur…
Un petit poisson, un petit oiseau s’aimaient d’amour tendre
Mais comment s’y prendre quand on est dans l’eau
Un petit poisson, un petit oiseau s’aimaient d’amour tendre
Mais comment s’y prendre quand on est dans l’air…
Sur le dernier accord le chef se lève, le piano continue de
jouer seul…
Le chef lève la main et aussitôt une nuée de poissons se
mettent à nager dans le théâtre…
Les gros en haut les petits en bas, les longs entre les
deux, les plats au milieu, multicolores, ondulant jusqu’à s’immobiliser en une
forme parfaite…
Le piano s’éteint doucement, tout est figé…
Seul le soleil ondoie entre les algues luminescentes…
Alors, dans un carrosse tiré par deux hippocampes,
Marie-Pascale, la pianiste, traverse la salle, arrive sur le plateau et se met
au piano…
Elle joue Aquarium, de Camille Saint-Saëns…
Le chœur entonne sa série de chants de la Renaissance… Une
Pavane exceptionnelle… Les Basses seules, d’abord, " Belle qui tient ma vie "…
comme un soupir amoureux au soir d’une journée de labeur… Et la passion monte,
avec les ténors, les alti puis les soprani…
Un bouquet de nénuphars sort du piano… Aussitôt un homard
s’en empare et dit au chœur « mon cœur se recommande à vous » …
" Mille regrets ", répond le chœur, nous préférons les
huîtres…
Aussitôt, une douzaine, fines de claires, sort des
baignoires de côté et chante à trois voix le Dona nobis pacem…
C’est alors que le carillon se fait entendre, joué par un
troupeau de poissons-cloche venu spécialement de Rome et inquiets de ne pouvoir
y revenir pour le temps de Pâques… On sentait bien une petite fébrilité dans
leur jeu… Mais Marie-Pascale, costumée maintenant en élégante sirène masquée,
entonna l’introduction du Da Pacem Domine qui résonna comme un glacis de perles
(Celles des fameuses fines de claire du précédent morceau pêchées par Georges
Bizet) avant que le chœur ne les transforme en diamants étincelants…
Ensuite, ce ne furent que cascades de notes flûtées,
avalanches d’harmonies écarlates, torrents de sonorités époustouflantes…
Le chœur brilla comme un oursin au clair de lune, comme une
anémone des mers dans un bouquet de mariage, comme un dauphin dans un numéro de
cirque…
Le public applaudit tant que le lustre en trembla…
Les bis et les rappels furent innombrables…
La pêche fut miraculeuse…
Monsieur le Maire et ses deux partenaires félicitèrent à
tour de mains les futurs électeurs tandis que le Président de l’Agglos, Briques
et Parpaings promit une subvention qui, dit-il, sortirait de l’ordinaire…
A la suite de quoi, mission accomplie, je suis allé me
coucher à l’aquarium de l’Espérance, Boulevard Sainte-Anne…
En foi de quoi ce rapport sera remis aux autorités séance
tenante…
Le 31 mars 2020…
Signé : Albert Charivari, inspecteur général des
Chorales de Printemps.
Quelques heures plus tard...
Chers Amis,
Rentré à la maison épuisé par un tel concert mais bien heureux du résultat…
Messieurs, toutes mes félicitations…
Mesdames, ces quelques fleurs bien méritées que je vous offre…
Je vous souhaite une très belle nuit et vous dis à bientôt…
Amicalement...
Emmanuel









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