Résumé des épisodes précédents : la CGF est arrivée dans une ville au nom imprononçable pour participer à un festival de Canons.
Tout s'est bien passé : accueil, petit-dejeuner, shopping... Tout sauf la répétition.
Tout s'est bien passé : accueil, petit-dejeuner, shopping... Tout sauf la répétition.
29/04/2020 19h18
Épisode 18
Dans les coulisses, les bavardages fleurissaient comme
pissenlits au printemps. Une certaine fébrilité animait les artistes.
- Tu as vu comme nous avons été nuls ce matin ?
- Ne t’inquiète pas, c’est chaque fois la même chose…
- Oui mais tout de même, louper toutes les entrées du Canon…
Je ne vois pas comment nous allons faire devant le public…
- Laisse-toi aller, respire et abandonne-toi à ton savoir,
il ira se nicher à la juste place…
- ?!?!?
Les boîtes à maquillage claquaient, pinceaux et poudres
apportaient un parfum de fourmilière à l’ardente beauté et les bombes de laque causaient un épais brouillard. Pourvu qu’il ne déclenche pas le signal d’alarme
incendie, tant de fumée.
Les hommes repassaient leurs nœuds papillons et les robes des dames, toutes plus belles les unes que les autres (les robes comme les dames), illuminaient les couloirs de l’opéra municiporoyal.
Le chœur se trouvait maintenant côté jardin, prêt à rentrer sur scène. Il pouvait entendre le brouhaha de la salle, 11 786 personnes, paraît-il, plus une place de libre.
Les hommes repassaient leurs nœuds papillons et les robes des dames, toutes plus belles les unes que les autres (les robes comme les dames), illuminaient les couloirs de l’opéra municiporoyal.

Le chœur se trouvait maintenant côté jardin, prêt à rentrer sur scène. Il pouvait entendre le brouhaha de la salle, 11 786 personnes, paraît-il, plus une place de libre.
Isaure se promenait avec sa boîte de pastilles
« Voixd’Diva » et en offrait à qui en voulait.
Enfin, les lumières baissèrent et le directeur du festival
entra sur scène, accompagné de la Présidente à la robe de princesse australe et
de la traductrice. Ils n’eurent pas besoin de micro, tant l‘acoustique était
parfaite. Ils dirent de gentils mots et lorsque le directeur prononça la phrase
« kroshettdf krodferrsoej krtosfersvgh krotarsd kroshshste », qu’il
n’est plus besoin de traduire maintenant, une clameur admirative monta du parterre,
des baignoires, des loges de face et de côté, du poulailler et du paradis. Le
public était déjà conquis, la réputation de la CGF n’étant plus à faire… Il
fallait maintenant être à la hauteur de la situation.
👏👏👏 Sous les applaudissements, le chœur entra en file
parfaitement ordonnée. Or, il manquait Eusèbe, heureusement rangé d’ordinaire
dans les dernières basses. Ce fut la panique.
Eusèbe n'est pas là ! cria Gontran. Et la rumeur monta jusqu'aux premières sopranos. Chacun comprit la catastrophe et se mit en peine de ralentir le pas pour gagner du temps. Les femmes étaient presque toutes en place, puis la moitié des ténors, et toujours pas d'Eusèbe. Entra au pas d'escargot la première des basses... et l'incontinent n'était toujours pas arrivé. Car, et c'est ce qui tout de même rassura le choeur, Eusèbe avait cette fâcheuse habitude de fréquenter l'endroit dans des moments... Je ne dirai pas... peu propices... Mais peu adaptés à la situation.
Eusèbe n'est pas là ! cria Gontran. Et la rumeur monta jusqu'aux premières sopranos. Chacun comprit la catastrophe et se mit en peine de ralentir le pas pour gagner du temps. Les femmes étaient presque toutes en place, puis la moitié des ténors, et toujours pas d'Eusèbe. Entra au pas d'escargot la première des basses... et l'incontinent n'était toujours pas arrivé. Car, et c'est ce qui tout de même rassura le choeur, Eusèbe avait cette fâcheuse habitude de fréquenter l'endroit dans des moments... Je ne dirai pas... peu propices... Mais peu adaptés à la situation.
Heureusement, Eusèbe arriva, un pan de chemise qui dépassait
de sa veste, aussitôt remis en place par Sébastopaul qui connaissait l’oiseau ( Je veux dire…le personnage )… Tous les choristes étaient maintenant en place
et, lorsque cessèrent les applaudissements, Aïda, altière, entra en scène,
suivie du chef. Les applaudissements reprirent de plus belle et ne cessèrent
que lorsque la pianiste fut assise, après les saluts, sur le tabouret aux parures bleu nuit et que
le chef eut terminé son petit voyage en ascenseur pour monter sur son podium.
Un grand silence envahit le théâtre, d’une pesante légèreté,
aussi paisible que l’air purifié après l’orage d’été. Le chef inspira une fois
qui ne fut pas comme la précédente. Le chœur comprit que tout allait commencer.
Le chef leva lentement la main droite, à peine, car son inflexion venait
davantage de son âme intérieure que de toute autre indication matérielle. Aïda
et les choristes étaient étoiles devant l’astre solaire. L’univers allait se
créer, là, devant 11 786 spectateurs ébahis, emplis de désirs, impatients, déjà
heureux mais encore sans connaissance de ce qui allait, pour eux et pour les
artistes, se passer d’incroyable et d’exceptionnel.
La main monta légèrement plus haut, le souffle prit davantage
encore la part d’esprit qui régnait dans l’hémicycle, et quand elle fut arrivée
au point crucial et qu’elle envisagea de redescendre avec l’impulsion des
grandes choses qui se préparent, Aïda comprit que c’était à son tour de régner
sur l’entier du cosmos…
E.P.
A suivre...




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