Résumé des épisodes précédents : le festival de Canons de Kroszztrosssjkl bat son plein, le concert de la CGF est sur le point de commencer. Chacun est à sa place.
30/04/2020 19h36
Épisode 19
En communion avec le reste de l’univers, Aïda joua le Ré de
sa seule main gauche, quatre temps qui auraient suffi à ce que la lune tourne
autour de la terre. Vint le Do. Tout de suite, il emmena dans une autre
galaxie, puis le Si qui n’oublia pas d’être bémol, Aïda connaissait son
affaire, enfin le La, qui semblait être la fin mais qui n’était que le rebond
d’un commencement. Une seconde fois les quatre notes résonnèrent. Le public fut
un peu surpris, comme par toutes les grandes œuvres la première fois qu’elles sont
jouées, mais à la quarante deuxième reprise, il était « dedans »,
comme on dit populairement. A la soixante cinquième, il était en élévation,
Aïda en osmose avec le chef et le chœur plus que jamais prêt à entrer dans le
jeu. C’est à la quatre vingt septième fois que les basses commencèrent leur
litanie - 87 c’est 27 fois 3 plus 12 divisé par 2, chacun aura noté le
symbolisme cher à l’auteur – Et là ce fut l’extase, le public fit un oh !
d’admiration parfaitement dans le ton…
Quinze minutes plus tard, les sopranos entraient dans la
partie, susurrant plus que le chantant « En chantant ce canon… », doucement soutenues par la main
droite d’Aïda, puis les altis et enfin les ténors.
Le concert avait commencé à 20 h 30, très précises à cause
de la retransmission en mondovision, et à 21 h 26 le canon fut chanté à trois
voix plus la basse pour la première fois. Il tourna ainsi pendant vingt quatre
minutes (le cycle des saisons sur quatre années, quatre étant le nombre de voix
de la partition). La première teneur arriva à 21 h 50 et la seconde à 22 h 10.
Commença alors le temps de la déconstruction, le chemin inverse en quelque
sorte, si bien que le dernier La, joué seul par Aïda, légèrement pointdorguisé,
coïncida exactement avec les 23 h 50 que sonnèrent les cloches du clocher de
Saint-Kroztsyysraqcwpal.
A 23 h 51, le triomphe fut total et sans réserve, saluts,
rentrées en coulisse, retours sur scène, mais, bien évidemment, pas de bis,
cela n’aurait pas eu de sens. Les fleurs pleuvaient sur la scène et ce n’est
que le lendemain, à minuit vingt sept que les artistes purent se changer et
profiter du buffet qui avait été installé dans le jardin à la krorzsqicq de
l’opéra municiporoyal.
Là, ce ne furent qu’embrassades, coupes de champagne, félicitations, petits fours, congratulations, remerciements des autorités muniroyales, remise du chèque par le directeur à Alphonsine, remerciements et salutations fort distinguées.
La troupe sortit par l’entrée des artistes sous les flashes
de la presse internationale, répondit aux nombreuses demandes d’autographes et
revint à l’autobus pour une nuit qui s’annonçait délicieuse. La présidente à la
conscience exacte fit l’appel et resta perplexe. Elle refit un tour dans
l’autobus, recompta, renomma, et, sûre de son fait, constata qu’il y avait deux
absents, Léonide et Melchior…
Sans inquiétude, ils étaient grands, elle laissa au dehors
du car une petite notice explicative afin de trouver le bouton rouge qui
permettrait de faire pschiiiittt et d’ouvrir la porte. Elle enfila ensuite sa
chemise de nuit brodée de petits coquillages ramassés par ses enfants sur la
plage de Plouf sur Vagues * et s’endormit, oubliant bien vite les deux
retardataires qui ne manqueraient pas de venir se coucher très bientôt...
![]() |
| 😪😴💤 🌘 |
E.P.
À suivre...
Note de B : * Depuis le 31 mars on aura remarqué que la référence aux organismes issus de la mer gagne du terrain.






































