Résumé des épisodes précédents : l'enquête sur la disparition de la partition rose s'est poursuivie dans l'autobus.
07/05/2020 19h50
Épisode 26
07/05/2020 19h50
Épisode 26
Pauline et Léonie, Melchior et le chef se trouvaient
maintenant dans le petit salon. La première chose qu’ils firent fut de faire
sonner leurs verres de rosé 1947, buvant à la tournée qui se déroulait pour le
bonheur de tous. Ils parlèrent ensuite, à grands renforts de rigolades, du
cocktail de Iiiiiiiiii, des souvenirs de Kroszztrosssjkl ou de la chute dans
l’escalier. Ils évoquèrent aussi le concert du lendemain, avec la Partition
Rose
- Ce sera magnifique, lança Pauline…
- Tout à fait, répliqua le chef…
- Oui, nous avons hâte, murmura Léonide…
- A ce propos, continua le Chef, on a un petit problème avec
la Partition Rose. Elle a disparu, ce qui compromet le concert de clôture.
Melchior poussa un petit cri qui pouvait ressembler à un non
interrogatif. Pauline analysa cette tonalité comme pouvant être une présomption
de quelque chose, mais de quoi, elle fut incapable de le penser. Après tout,
elle n’était pas un détecteur de mensonges. Cependant, elle demanda aux deux
choristes :
- On voulait juste mettre un peu d’ordre dans le déroulement
de la nuit à Kroszztrosssjkl. C’est tout simplement pour une question
administrative, c’est la Présidente au teint de rosée qui nous le demande, pour
le livre des comptes-rendus.
On sentit un petit flottement et le chef se lança. Après
tout, c’était lui le chef et si quelqu’un devait mettre les pieds dans le plat,
c’était à lui de le faire.
- A quelle heure êtes-vous rentrés au bus ?
- Très exactement à 7h45, répondit Léonide. Pourquoi ?
- Qu’avez-vous fait ensuite ?
- Alors… Nous sommes
arrivés, nous avons lu la notice du bouton rouge et, avant d’appuyer, avons
retiré nos chaussures pour ne pas salir l’autobus.
- Oui, continua Melchior, Léonide, par mégarde, avait mis le
pied dans une… un… vous voyez ce que je veux dire, de mouette pilarde et nous
ne voulions pas risquer de contaminer la moquette de notre maison roulante avec
les plumes collées aux semelles…
Pauline et le Chef se regardèrent, soulagés…
- C’est tout ce que nous voulions savoir…
- Mais comment va t’on faire pour la Partition Rose ? questionna Léonide.
- Nous verrons bien…
Ensuite ils parlèrent de la pluie et du beau temps,
terminèrent joyeusement leur champagne et rejoignirent les autres pour le
déjeuner.
A 14h28, tout le monde était dans la salle de répétition. Le
chef dirigea par cœur la Partition Rose, mais on sentit bien qu’il n’était pas
à l’aise et que le concert du lendemain ne pourrait certainement pas se
dérouler d’une bonne manière, voire ne pas se dérouler du tout. L’ambiance
était morose. Le chef descendit le premier l’escalier aux coquillages. Tout le
monde craignait qu’il ne tombe une nouvelle fois tant il chancelait.
Les préparations étaient essentiellement vestimentaires, car
le repas et les animations avaient été déjà commandées. Chacun repartit dans sa
cabine et, à vingt heures précises, Aïda joua les trompettes et la fête
commença.
Verdi, Aïda
Marche des trompettes
Toutes les femmes étaient en robe longue. Il y en avait de
toutes les couleurs, en taffetas, soie, organdi, alpaga ou velours, avec motifs
de Jouy, liberty, pieds de poules ou cachemire. Certaines avaient des chapeaux.
Celui de Zélie était le plus magnifique, avec douze plumes de toutes espèces de
volatiles chamarrés.
Les escarpins, les ballerines, les talons aiguilles et les souliers de vair* luisaient, astiqués, brossés, lustrés, certains avec des nœuds d’astrakan. Les parfums se mêlaient dans l’air du soir avec une subtilité sans faille.
Les hommes, smokings et papillons, vernis noirs et roses
au col avaient l’allure de grands hommes, ce qu’ils étaient en vérité. Les
Dames furent heureuses de le redécouvrir.
Le champagne, servi en coupe ce soir, accompagnait des
variétés insensées de petits fours, chauds ou froids. Ensuite, chacun prit sa
place autour de la grande table alors que l’autobus passait au milieu des
neiges éternelles.
Le coucher de soleil leur apportait un maquillage de star de cinéma. La Présidente à l'écriture discursive avait fait le plan de table. Chacun était heureux de sa place et, bien-sûr, mine de rien, elle avait placé en toute discrétion Léonide et Melchior côte à côte. On avait bien vu leur inquiétude avant de savoir où ils se trouveraient.
On commença par des bouchées à la Présidente, plat inventé
pour l’occasion, puis ce furent des aspics de bartavelles à la financière et un
saumon du Turkakispan en aumônières de salsifis à la russe. Vint alors le trou
normand, avec un Lieu Chéri de 1865, aux arômes mozartiens. On attaqua ensuite
le chapon à l’ouillyvicomtesse avant de se lancer à l’assaut du gigot
Saint-Michel rôti à la dragonne. Plateau de fromages avec un Château Jenracine
1912, un véritable cantique, et enfin le bavarois en cinq couronnes surmontées
d’un doubitchou caramélisé aux pépites de balivernes torréfiées.
Le coucher de soleil leur apportait un maquillage de star de cinéma. La Présidente à l'écriture discursive avait fait le plan de table. Chacun était heureux de sa place et, bien-sûr, mine de rien, elle avait placé en toute discrétion Léonide et Melchior côte à côte. On avait bien vu leur inquiétude avant de savoir où ils se trouveraient.
L’ambiance fut des plus heureuses et, après le discours de
la Présidente à la plume alerte, remerciant les choristes, le chauffeur de
l’autobussocar, la trésorière et le Chef, invita la joueuse bande à monter à
l’étage pour le bal. Des décors somptueux ornaient les murs et même le piano
avait été décoré aux couleurs de la Chorale des Gazouillis Farfelus. Les
musiciens étaient déjà là et ils jouèrent toute la nuit des valses, des
sévillanes, des foxtrot, des javas, des mazurkas, des paso dobles, des boléros et
même des tangos, dont Anatole et Fabiola étaient de fameux spécialistes.
Chopin, Mazurka
Vladimir Horowitz
Carlos Gardel
Por una cabeza
Il fut l’heure d’aller se coucher car demain il y avait
concert. Tout le monde oublia le problème de la Partition Rose et dormit d’un
sommeil olympien.
E.P
A suivre..
.
* Note de B : le vair est la fourrure du petit-gris. Je me permets donc de protester au nom des animaux. La remarque est également valable pour l'astrakan. C'est pourquoi je refuse de mettre des photos.









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