mercredi 6 mai 2020

FEUILLETON 24 LE MYSTÈRE DE LA PLUME DE MOUETTE


Résumé des épisodes précédents : visite de Iiiiiiiii, répétition et début d'enquête sur la disparition de la partition rose.


05/05/2020

Épisode 24


L’église Saint-Aiyoue était comble. De tout le pays étaient venus les mélomanes qui rêvaient d’entendre ce chœur pour la première fois. Et puis la Cantate de la Voyelle, cette œuvre si fameuse de Euyouie Aioyeau, quelle merveille. Cette femme compositrice avait su si bien saisir le drame de la voyelle, toujours au service de la consonne qui sans elle n’aurait aucune couleur, ne serait que bruit guttural ou labial.

Après les discours officiels, le chœur entra en scène sans soucis. Sébastopaul avait demandé à Eusèbe de prendre ses précautions, ce qu’il fit.

Aïda, superbe dans sa robe à traîne de douze mètres fut acclamée par la foule, et le Chef, qui faillit se prendre les pieds dans sa queue de pie dont l’extrémité était loin derrière lui, se reprit et monta triomphalement sur son podium. Après les saluts d’usage, il ouvrit la Partition Verte à Petits Pois et leva les bras, prêt à commencer. La musique pouvait à présent épouser le silence.



La cantate commence par une vocalise à l’unisson sur une seule syllabe sur la note a, numéro 56 sur le clavier du piano. Puis, en un superbe crescendo, elle se développe en un bouquet de diphtongues contrapuntiques qui s’ouvrent sur une arabesque de nasales époustouflantes. Le passage en i mineur fut extravagant de beauté et de tendresse et la fureur du « Oua », frénétiquement martelé, fit trembler les voûtes de l’église. 

Ce fut un concert étonnant. Jamais la CGF n’avait si bien chanté la Partition Verte à Petits Pois. Le public, conquis, réclama en bis le « Iaiaiaiaiaiaiaia », source de larmes heureuses dans les rangs du chœur.



La tradition fut respectée et Monsieur le Bourgmaire invita le chœur à venir fêter le succès dans la grande salle des mariages. Le oui fut servi dans de grands verres, alcool très subtil issu de la fermentation du oyiyayiyu, fruit du yuyuyu qui pousse sur les coteaux ensoleillés de la région. Monsieur le Maire, dans son petit discours, dit que l’on ne pouvait servir rien d’autre que du oui dans la salle des mariages, ce qui fit beaucoup rire Léonide. Panisse, à ce moment précis, fit part à Childéric de l’attitude de Melchior, un peu embarrassée. Mais rien de plus.

Sur le chemin du retour, Pauline prit à part le Chef, ce qui fit un peu jaser Lambertine, peut-être un peu jalouse qu’une soprano puisse ainsi s’accaparer le chef alors que les alti avaient tout aussi bien chanté.

 Pauline avait bien travaillé. Et elle livra au Chef le résultat de ses investigations.

- Cette plume provient d’une mouette pilarde.

- D’une mouette pilarde ? fit le chef interrogatif…

- Oui, aucun doute…

Le chef réfléchit aussi rapidement que dans les enchaînements du oua, si difficiles à maîtriser, et répondit à Pauline, lui qui avait quelques connaissances ornithologistiques.

- Mais, la mouette pilarde, elle niche sur les rives de la mer de Krohsrzteustr !

- Tout à fait, j’ai vérifié dans le « Oiseaux des mers du centre » de Victor Plume, il le confirme…

- Il faut donc trouver, continua Pauline, qui aurait pu s’approcher d’un nid de pilarde.

- Zélie, à ton avis, a - t’elle vraiment acheté sa plume ? Ou est-ce un faux alibi pour cacher le fait qu’elle aurait pris une plume lors du passage à Kroszztrosssjkl.

- Il faut absolument l’interroger.

- En parle - t’on à la Présidente ?

- Non, laissons-là à l’insouciance de sa jeunesse. Il est trop tôt pour l’informer de ce qui n’est qu’un soupçon.

Alors que tout le monde était couché, Pauline signa au chef une commission rogatoire et le Chef à Pauline un mandat de perquisition. Ils frappèrent chez Zélie.

 - Ah ? Bonjour… Voulez-vous une petite tisane ?

- Non c’est très gentil, continua le Chef, on voudrait juste savoir d’où vient la plume que tu as rapportée pour ton chapeau.

 - D’un très beau magasin de Iiiiiiiiii.

- Tu es sûre ?

-  Oui…

- Peux-tu nous montrer la facture ?

- Mais bien-sûr, regardez, 367,47 oioioio… Pour une telle merveille, ce n’est vraiment pas cher…

- Peut- on voir la plume ?

- Évidemment… Elle est si belle… 

Pauline et le chef observèrent la plume avec une grande attention et conclurent qu’elle ressemblait de très près à celle d’une mouette pilarde, mais qu’il s’agissait sans aucun doute d’une mouette palirde, de celles qui vivent de l’autre côté de la mer de Krohsrzteustr, pas sur la rive que nous avons visitée. Zélie quittait donc la liste des suspects.


Finalement, Pauline et le Chef acceptèrent une tisane et ne dirent pas non à des petits biscuits au Krosfsffdt.



Ensuite, après une aimable et bien plaisante conversation, ils remercièrent Zélie de son hospitalité, l’embrassèrent et prirent le chemin de leurs suites respectives.

- C’était beau, ce soir, hein ? dit Pauline.

- Oui, répondit le Chef, vous avez été merveilleux.

E.P


A suivre…

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