Résumé des épisodes précédents : on a laissé le Chef clopinant après une lourde chute dans les escaliers de l'autobus alors qu'il était à la recherche de sa partition rose. La CGF est en route pour une nouvelle étape de sa tournée.
03/05/2020 19h31
Épisode 22
Il fallait bien s’occuper, la répétition était ajournée et
la route encore longue.
Julinette offrit un thé à Rosilabelle.
- Tu n’as pas remarqué quelque chose ?
- A quel propos ?
- Léonide…
- Léonide ?
- Oui… Elle est un peu… Comment dire… Différente de
d’habitude…
- Non, je n’ai pas fait att… Mais, puisque tu me le dis,
c’est vrai… Elle semble très évasive, comme si elle s’était enfermée dans un
autre monde… Elle n‘est pas malade au moins ?
- Non, je ne pense pas… Surtout qu’elle semble plutôt
heureuse…
- Oui, c’est vrai… Plus que d’habitude…
Pendant ce temps, deux ténors jouaient à la belote contre
deux basses. Les as et les atouts, les coupes et les trèfles défilaient
joyeusement alors qu’Isidore comptait les points, lui qui préférait les
dominos.
Il y avait des tricoteuses, des liseuses, des somnoleurs et
Corentin qui faisait son point de croix, un grand arbre avec des moutons et des
hippocampes pour le prochain anniversaire de son épouse. C’était le quarante
septième. Il n’en n’avait oublié aucun depuis leur mariage.
![]() |
| Petit aperçu du talent des tricoteuses... |
![]() |
| ...et de celui de Corentin, lui aussi inspiré par la mer |
Le chef semblait se reposer, espérant qu’il serait en pleine
forme pour le concert du lendemain. Heureusement, ce n’était pas la Partition Rose
que l’on devait chanter, mais la Verte à Petits Pois, que chacun connaissait
parfaitement.
La nuit vint, le dîner fut pris, sans le chef qui préféra
une tisane au lit, et l’autocar, phares allumés, finit par arriver à
destination. Ce soir, le campement se faisait au bord d’un lac. Tout était
paisible et la promenade près des flots tranquilles, embaumée de parfums du
sud, romarin, thym et laurier, fut un véritable pot-au-feu bucolique.
Childéric offrit une cigarette à Panisse.
- A quel propos ?
- Melchior…
- Melchior ?
- Oui… Il est un peu… Comment dire… Différent de d’habitude…
- Non, je n’ai pas fait att… Mais, puisque tu me le dis, c’est
vrai… Il semble très évasif, comme s’il s’était enfermé dans un autre monde… Il
n‘est pas malade au moins ?
- Non, je ne pense pas… Surtout qu’il semble plutôt heureux…
- Oui, c’est vrai… Plus que d’habitude…
Le Pschiiiitttt de la porte résonna une dernière fois sur
cette journée sans musique, le chef donnait tout espoir d’être en parfaite
santé, la Présidente à la voix de velours souhaita une bonne nuit à tous et les
lumières s’éteignirent sur le paisible s’un sommeil général.
Le petit-déjeuner sur le bord du lac fut somptueux. Une
grande table avec nappe blanche et fleurs de l’aurore était emplie de boissons
chaudes ou froides, charcuteries, pains et pâtisseries en tout genre.
Trois heures après, la caravane arrivait à Iiiiiiiiii capitale du comté de Aaaaaaaaaa, dans la province de Eeeeeeeeee.
![]() |
| 🤳 |
Trois heures après, la caravane arrivait à Iiiiiiiiii capitale du comté de Aaaaaaaaaa, dans la province de Eeeeeeeeee.
Pendant ce transport, la répétition se passa
merveilleusement bien. Le Chef avait réussi à monter l’escalier tout seul et sa
main droite était aussi habile qu’avant à ponctuer les temps et fluidifier la
mélodie. La partition Verte à Petits Pois
était une aubaine pour Aïda, aucun dièse ni bémol, pas la moindre touche noire.
Les départs furent parfaits, les nuances exactement dosées,
les paroles articulées avec une maîtrise exceptionnelle et l’esprit de la pièce
justement sublimé. Il faut tout de même préciser que cette partition ne
contient aucune consonne. Mais la voyelle peut parfois être roublarde. La
Chorale des Tristes Vocalises, par exemple, serait bien incapable de chanter
cette Partition Verte à Petits Pois. Elle a la voyelle molle. Et ça se voit dés
son entrée en scène.
Chacun redescendit en se tenant bien à la rampe, rangea son
petit chez soi avec méticulosité et descendit de l’autocar dés que la
Présidente au toucher délicat appuya sur le bouton rouge qui provoqua le
Pschiiiiitttt d’ouverture de la porte. Les choristes s’évaporèrent comme des
colombes à la rechercher du grand ciel, décidés à profiter de l’air ambiant
avant la générale de 14 h 18.
Mais le chef, après avoir fouillé de fond en comble son
petit habitat, après avoir regardé dans tous les recoins de l’autobus et après
avoir exploré toutes les hypothèses, dut se rendre à l’évidence, la Partition
Rose avait disparu.
E.P
A suivre…





Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire