lundi 4 mai 2020

FEUILLETON 22 LES AVENTURIERS DE LA CONSONNE PERDUE


Résumé des épisodes précédents : on a laissé le Chef clopinant après une lourde chute dans les escaliers de l'autobus alors qu'il était à la recherche de sa partition rose. La CGF est en route pour une nouvelle étape de sa tournée. 



03/05/2020 19h31


Épisode 22

Il fallait bien s’occuper, la répétition était ajournée et la route encore longue.

Julinette offrit un thé à Rosilabelle.

- Tu n’as pas remarqué quelque chose ?

- A quel propos ?

- Léonide…

- Léonide ?

- Oui… Elle est un peu… Comment dire… Différente de d’habitude…

- Non, je n’ai pas fait att… Mais, puisque tu me le dis, c’est vrai… Elle semble très évasive, comme si elle s’était enfermée dans un autre monde… Elle n‘est pas malade au moins ?

- Non, je ne pense pas… Surtout qu’elle semble plutôt heureuse…

- Oui, c’est vrai… Plus que d’habitude…

Pendant ce temps, deux ténors jouaient à la belote contre deux basses. Les as et les atouts, les coupes et les trèfles défilaient joyeusement alors qu’Isidore comptait les points, lui qui préférait les dominos.

Il y avait des tricoteuses, des liseuses, des somnoleurs et Corentin qui faisait son point de croix, un grand arbre avec des moutons et des hippocampes pour le prochain anniversaire de son épouse. C’était le quarante septième. Il n’en n’avait oublié aucun depuis leur mariage.

Petit aperçu du talent des tricoteuses...

...et de celui de Corentin,
lui aussi inspiré par la mer


Le chef semblait se reposer, espérant qu’il serait en pleine forme pour le concert du lendemain. Heureusement, ce n’était pas la Partition Rose que l’on devait chanter, mais la Verte à Petits Pois, que chacun connaissait parfaitement.



La nuit vint, le dîner fut pris, sans le chef qui préféra une tisane au lit, et l’autocar, phares allumés, finit par arriver à destination. Ce soir, le campement se faisait au bord d’un lac. Tout était paisible et la promenade près des flots tranquilles, embaumée de parfums du sud, romarin, thym et laurier, fut un véritable pot-au-feu bucolique.



Childéric offrit une cigarette à Panisse.

 - Tu n’as pas remarqué quelque chose ?

- A quel propos ?

- Melchior…

- Melchior ?

- Oui… Il est un peu… Comment dire… Différent de d’habitude…

- Non, je n’ai pas fait att… Mais, puisque tu me le dis, c’est vrai… Il semble très évasif, comme s’il s’était enfermé dans un autre monde… Il n‘est pas malade au moins ?

- Non, je ne pense pas… Surtout qu’il semble plutôt heureux…

- Oui, c’est vrai… Plus que d’habitude…

Le Pschiiiitttt de la porte résonna une dernière fois sur cette journée sans musique, le chef donnait tout espoir d’être en parfaite santé, la Présidente à la voix de velours souhaita une bonne nuit à tous et les lumières s’éteignirent sur le paisible s’un sommeil général.

Le petit-déjeuner sur le bord du lac fut somptueux. Une grande table avec nappe blanche et fleurs de l’aurore était emplie de boissons chaudes ou froides, charcuteries, pains et pâtisseries en tout genre.

🤳

Trois heures après, la caravane arrivait à Iiiiiiiiii capitale du comté de Aaaaaaaaaa, dans la province de Eeeeeeeeee.

Pendant ce transport, la répétition se passa merveilleusement bien. Le Chef avait réussi à monter l’escalier tout seul et sa main droite était aussi habile qu’avant à ponctuer les temps et fluidifier la mélodie.  La partition Verte à Petits Pois était une aubaine pour Aïda, aucun dièse ni bémol, pas la moindre touche noire.

Les départs furent parfaits, les nuances exactement dosées, les paroles articulées avec une maîtrise exceptionnelle et l’esprit de la pièce justement sublimé. Il faut tout de même préciser que cette partition ne contient aucune consonne. Mais la voyelle peut parfois être roublarde. La Chorale des Tristes Vocalises, par exemple, serait bien incapable de chanter cette Partition Verte à Petits Pois. Elle a la voyelle molle. Et ça se voit dés son entrée en scène.

Chacun redescendit en se tenant bien à la rampe, rangea son petit chez soi avec méticulosité et descendit de l’autocar dés que la Présidente au toucher délicat appuya sur le bouton rouge qui provoqua le Pschiiiiitttt d’ouverture de la porte. Les choristes s’évaporèrent comme des colombes à la rechercher du grand ciel, décidés à profiter de l’air ambiant avant la générale de 14 h 18.

Mais le chef, après avoir fouillé de fond en comble son petit habitat, après avoir regardé dans tous les recoins de l’autobus et après avoir exploré toutes les hypothèses, dut se rendre à l’évidence, la Partition Rose avait disparu.


E.P

A suivre…

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