dimanche 3 mai 2020

FEUILLETON 21 UN PRO DE LA CASCADE

Résumé des épisodes précédents : toujours à Kroszztrosssjkl. L'escapade nocturne ( qui se voulait discrète 😁😉😂 ) de Léonide et Melchior...



02/05/2020 18h38

Épisode 21

À quelle heure exacte Léonide et Melchior firent-ils Pschiiiittttt, personne ne sut le dire ni n’eut envie de le savoir. Mais au-petit-déjeuner, mine, de rien, ils étaient à table avec les autres. A cause de la rentrée tardive après le concert, une petite grasse matinée avait été accordée. Aussi pour calmer les grondements et roulements de tambour qui, pour certains, martelaient encore dans les têtes en attente d’un peu d’Alkaseltzer. 🥁

 Le départ était fixé à midi, laissant un peu de temps pour découvrir d’autre coins de cette charmante ville de Kroszztrosssjkl. Bien évidemment, le fameux magasin vendit une Kroszztropuhkztlqwi en boule de neige avec lampe incorporée, mais d’autres du fromage, le fameux Kropt, des livres d’images sans mots, des parfums d’ambiance, des assiettes en forme de Krozztztrei ou des paquets de nouilles à l’effigie du festival de Canons.

A l’heure dite, appel fait, le car prit la route du sud sous un chaud soleil de saison, avec un repas très léger, fait de mets rafraîchissants. Le ronronnement de la machine, très doux, jouait une berceuse langoureuse et, petit à petit, les paupières tombaient sur les yeux fatigués. Morphée volait dans le car et veillait à la sieste, la route défilait, les paysages se succédaient, l’aventure continuait.


A 16 heures précises, la cloche sonna, il était temps de monter à l’étage pour une répétition. Le chef posa sa partition bleue sur le pupitre et Aïda sa partition rose sur le piano. Forcément, dés qu’il y a une bonne raison pour dire qu’il y a un problème, le chœur n’en loupe pas une. C’est Griseldine qui leva la main la première. Tant pis pour les 26 autres qui avaient eu la même idée. Alors, c’est la rose ou la bleue ? Sur un ton qui voulait bien dire ce qu’il disait. Le chef parut embarrassé, réfléchit un bon bout de temps, regarda les deux couleurs avec circonspection et finit par dire : Pardonnez-moi, la nuit sublime que vous m’avez fait passer est la cause de mon trouble. Il hésita encore un instant. Aïda ne disait mot, elle s’en fichait car il y avait autant de bémols et de dièses mal placés dans la rose que dans la bleue. Finalement, le chef dit d’un ton solennel : Prenons la rose, pour la bleue nous avons tout le temps.

Quand l’ordre est net, clair et précis, le chœur ne discute pas, il prend la rose. C’est ainsi que l’on gagne les grandes batailles.

 Mais, point de rose sur le pupitre du chef, non plus dans son cartable. Rapidement il chercha sous le piano, dessus, il souleva le couvercle, aucune couleur ne correspondait à la précieuse partition. Il avait mis tellement d’annotations au travers des pages qu’il aurait été incapable d’en lire une autre. Il fallait absolument la retrouver.

- Personne n’a vu ma partition ?

 Les choristes baissèrent le nez ou regardèrent le plafond, surtout quand le Chef regarda un peu plus fixement Isobulle, la soupçonnant d’avoir peut-être eu l’idée d’une farce qui ne serait pas drôle. Mais, en général, quand elle se livrait à quelques facéties, dont elle a l’habitude il faut le dire, on voyait son nez gigoter, sorte de pantin balançant joliment entre ses deux couettes.


Le Chef pensa qu’il avait dû oublier la partition dans son siège cabine. Il commença à descendre l’escalier. Je reviens tout de suite !

Or, un troupeau de chèvres qui revenait de la traite (si le Chef les avait vues il aurait dit « Tiens ! voilà la Chorale des Tristes Vocalises ! » Chorale qui avait gagné le concours de Sifflotay les Octaves en 1947 alors que les Joyeux Gazouillis n’étaient arrivés que seconds, normal ils avaient été créés six mois auparavant – Vieille querelle normande dont on pouvait encore voir les traces), s’engagea sur la route imprudemment. Le chauffeur de l’autobus fut obligé de freiner avec une brutalité assez violente. Heureusement il stoppa juste à temps pour épargner deux petits chevreaux à la traîne de leur mère, mère qui, elle, accompagnait pour le simple plaisir ses amies puisque la traite ne la concernait pas.

Toujours est-il que le coup de frein et le petit écart de route envoyèrent valdinguer le Chef qui, dans un grand fracas de ferrailles et de jurons, alla s’écraser au bas de la première marche.









Il y eut un grand silence, et toutes les sopranos, l’escalier était de leur côté, se précipitèrent pour venir au secours du pauvre garçon. Les plus vaillantes descendirent les marches tandis que le chauffeur, ayant entendu la catastrophe, essaya de trouver une place pour se garer.

Le pauvre chef était allongé au pied de la descente, sanguinolant, et Berthille, infirmière au Cercle Hospitalier de Brisons Les Demembre, demanda à ce que l’on fasse de l’air au pauvre inconscient. Elle ausculta selon les règles le Chef qui commençait à ouvrir les yeux.







A l’étage, les basses, les plus éloignées de l’escalier commentaient l’événement en prétendant que le chef avait fait une hémorragie interne. Les ténors, plus près, parlaient d’une commotion cérébrale, les alti pariaient sur une fracture de la jambe droite, celle de la pédale forte du piano, bien embêtant, et les sopranos pensaient à une estafilade du bassin jusqu’à l’omoplate. Berthille les rassura en leur disant que la petite coupure au genou pourrait être guérie rapidement avec un petit Pschhhiiiit (Différent de celui de la porte) de solution antiseptique et un pansement, le plus petit modèle de la boîte de secours.


 Le chef reprit ses esprits, se releva presque seul, remercia son entourage de tant de sollicitude et remit la répétition de la partition rose au lendemain tandis que le car reprenait sa route.

 E.P.

A suivre…






De la part de B, rien que pour le plaisir 😉


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