samedi 16 novembre 2019

LA MUSIQUE DE LA RENAISSANCE


J'avoue à ma grande honte que jusqu'à présent j'ignorais tout ou presque de  la musique de la Renaissance. Je connaissais le nom de quelques musiciens que je situais assez vaguement, j'avais entendu quelques oeuvres et chansons, assisté à 2 ou 3 concerts ( dont celui, époustouflant, de l'ensemble Doulce Mémoire dans le cadre des "Promenades musicales") ... Et c'est tout. 
J'ai donc eu envie d'en savoir davantage et je me suis plongée dans les recherches. Et là j'ai de nouveau été confrontée à mon ignorance : les articles sur la question abondent de termes techniques auxquels je ne comprends rien ! Mais comme je suis d'une nature persévérante, je me suis accrochée et j'ai fait une synthèse un peu simplette sans doute mais, je l'espère, claire. Que les spécialistes me pardonnent mes erreurs et approximations !


La Musique de la Renaissance suit l'évolution des mentalités 

De nombreux changements se produisent durant la Renaissance, les Arts évoluent et parmi eux la musique.

- L'Humanisme met l'Homme au centre de tout et la religion catholique perd son monopole sur les Arts. Les musiciens continuent à composer pour Dieu, mais ils cherchent de plus en plus à divertir. De nouveaux genres apparaissent, et des genres jusqu'alors mineurs se développent. Les thèmes liés à l'Antiquité, à la mythologie sont exploités.

- Les musiciens voyagent beaucoup, s'influencent les uns les autres, ce qui enrichit leur art et en accélère l'évolution. Plusieurs "Écoles " dominent à tour de rôle ou simultanément. Les compositeurs sont désormais reconnus et célèbres.

- La découverte de l'imprimerie va permettre, à partir de 1501, une large diffusion des tablatures, ancêtres de nos partitions ( elles donnent des instructions, des indications spécifiques aux instruments comme la place des doigts et sont moins abstraites que les partitions. Elles sont encore utilisées pour certains instruments à cordes. ) L'éditeur français  Pierre Attaingnant (1494-1553) joue ainsi un rôle capital dans la diffusion et l'évolution de la musique.
Tablature d'une chanson de Clément Janequin
éditée par Pierre Attaingnant

- De nouveaux instruments font leur apparition. D'autres, plus anciens, sont perfectionnés.

- Les langues nationales sont de plus en plus utilisées, en particulier dans les chansons mais aussi dans les messes.

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Les genres

Quel que soit le genre, la polyphonie se développe, se renouvelle et se complexifie.



Johannes Ockeghem (vers 1420-1497)
Deo Gratias à 36 voix ! Ça laisse... sans voix !

La Musique sacrée produit principalement des messes et des motets. Ceux-ci sont polyphoniques, utilisant de 4 à... 40 voix. Ils peuvent être profanes mais sont plus généralement religieux, sans pour autant faire partie du rituel de la messe. Ils atteignent une forme de perfection avec Josquin Desprez (1440-1521) puis Palestrina (1525-1594).


Ces deux motets sont des merveilles !

La Musique profane acquiert ses lettres de noblesse et la chanson va connaître un grand succès. Elle peut être chantée à 4 voix a capella, ou accompagnée d'un ou de plusieurs instruments.  Parfois une ou plusieurs voix sont remplacées par plusieurs instruments ou un seul instrument polyphonique comme le luth. Bref, c'est un genre très libre.

Mais ce qui est remarquable c'est que musique sacrée et musique profane empruntent l'une à  l'autre : il n'est pas rare qu'une messe dite " messe parodie " soit écrite à partir d'une autre oeuvre, sacrée ou profane ( une chanson populaire par exemple ). C'est le cas de l'ancienne et célèbre chanson L'Homme armé, qui a servi de base à une quarantaine de messes, composées entre autres par Josquin Desprez ou Palestrina.

Chanson L'Homme armé 

Josquin Desprez
Messe L'Homme armé 
Par the Tallis Scholars

Par ailleurs la musique instrumentale devient peu à peu plus autonome : elle était un simple accompagnement des voix, généralement improvisé, puis elle est semi-écrite et enfin totalement écrite et de grande qualité.
Elle peut parfois totalement remplacer les voix dans une chanson.
Elle peut aussi devenir une oeuvre à part entière : ricercare ( petit prélude à une pièce plus importante), toccata ( -> "toucher", oeuvre pour clavier ), suite de danses jouant avec les variations de rythme, sonate (->"sonner" ).
De petits ensembles ( consorts ) se constituent. La pratique musicale se répand dans les milieux aisés.

Pavane, par l'ensemble Doulce Mémoire

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Les Écoles 

Elles sont nombreuses, mais deux d'entre elles dominent le paysage musical.

L'École franco-allemande

En France c'est la grande vogue de la chanson polyphonique, généralement à 4 voix, qui va connaître une sorte " d'âge d'or " au XVIème siècle. Elle peut être raffinée et exprimer des sentiments comme la mélancolie, la tristesse, les regrets, mais elle peut tout aussi bien être grivoise ! Elle est accompagnée par des instruments en nombre variable et peut servir de support à des danses, jusqu'à s'intégrer  à de somptueux ballets de cour dont François Ier par exemple était friand.

Bal à la Cour des Valois
École française 

En 1571 est créée, par le poète de la Pléiade Jean-Antoine de Baïf,  l'Académie de Musique et de Poésie, dont fait partie Ronsard, et qui a pour but de réaliser l'union de ces deux Arts.
Parmi les compositeurs les plus célèbres citons Josquin Desprez ou Després ou Des Prés, qui incarne vraiment le renouveau et qui laisse une oeuvre considérable, tant sacrée que profane. Ou Clément Janequin (1485-1558), auteur de plus de 250 chansons. Ou enfin Roland de Lassus (1532-1594), lui aussi auteur d'une vaste production dans tous les genres.

À écouter sans modération !

En Allemagne, Luther (1483-1546), figure principale de la Réforme, écrit à partir de 1524 des chants religieux, des chorals, et des messes en allemand. Il a compris qu'il n'y avait pas mieux que de la belle musique aux paroles compréhensibles pour attirer et édifier les fidèles !

Par l'ensemble Vox Luminis

Quand je pense que je me faisais de Luther
l'image d'un théologien austère et ennuyeux !
Quel stupide préjugé !

L'École italienne

Elle se répartit en plusieurs pôles dont les principaux sont Rome  et Venise.
À Rome, la Papauté lance la Contre-Réforme et, à la suite du Concile de Trente ( en 1562), demande aux compositeurs une musique religieuse moins complexe, plus accessible, afin de " récupérer " les fidèles convertis au protestantisme. Elle réclame aussi l'élimination de toute tendance "lascive" (sic). Palestrina a réussi à se conformer à ces prescriptions sans perdre de son talent.
Mais certains musiciens se détournent en partie de la musique religieuse et de ses contraintes, si bien qu'en Italie, le genre qui va supplanter tous les autres est le madrigal. Il est polyphonique et souvent chanté a capella. Le texte y est très important, rempli la plupart du temps de poésie amoureuse. Quand il est accompagné de musique, celle-ci est raffinée et expressive. Parmi ses représentants nous retrouvons Palestrina et Lassus, mais aussi Philippe de Monte (1521-1603) et, dans les derniers temps de la Renaissance, Monteverdi (1567-1643) qui assure la transition avec le Baroque.
La musique et le théâtre vont alors s'allier pour donner naissance à un genre associant musique, chant et mise en scène et qui deviendra l'Opéra. Monteverdi est le compositeur du premier opéra parvenu jusqu'à nous, L'Orfeo (1607).

Par Jordi Savall

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Les instruments


Ils sont très nombreux et ce serait long et fastidieux d'en faire la liste exhaustive.
À la Renaissance ils appartenaient à 2 catégories : hauts et bas instruments. Les premiers jouaient fort, en extérieur ( chasse, guerre...) Ou en intérieur pour des fêtes, des bals... Les seconds avaient un son doux et étaient réservés à des moments plus intimes. Seul l'orgue était autorisé dans les églises. 
On parlait aussi de familles lorsqu'un même instrument était décliné en plusieurs tailles.
Aujourd'hui on les classe aussi par familles, mais le mot n'a plus le même sens :
Les instruments à vent : flûtes ( traversière, à bec ), cromorne, cornemuse, trompette, chalémie...



À cordes : guitare, harpe, lyre ( cordes pincées ), tympanon ( cordes frappées ), violes et violon qui apparaît vers 1529 (cordes frottées ). Et surtout le LUTH, d'origine persane, très utilisé en accompagnement mais qui possède aussi son propre répertoire.  C'était l'instrument préféré de Ronsard, qui le célèbre dans certains poèmes. 


Tympanon

À clavier : orgue ( qui est aussi un instrument à vent ), clavecin, épinette, virginal ( sorte d'ancêtre du piano, très utilisé en Angleterre ) ...



Virginal



Percussions : tambour, timbales, tambourin...
Timbales


Ouf ! J'ai fini. Et j'ai fait de belles découvertes....

Si vous souhaitez de plus amples informations, j'ai repéré un dossier très intéressant réalisé par l'Académie de Versailles ( mon Académie dans mon ancienne vie ! ) 
La Musique à la Renaissance- educamus.ac-versailles.fr
Cliquez sur Dossier

Prochains articles : les musiciens dont nous commençons à apprendre les oeuvres.





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