dimanche 29 mars 2020

MUSICIENS ET ÉPIDÉMIES

Pour limiter la propagation de l'épidémie de coronavirus ou covid 19, nous sommes confinés depuis le 17 mars. Pour nous choristes, plus de répétitions,  plus de concerts... Quelle tristesse !

Alors je me suis dit que je pouvais occuper quelques heures en faisant des recherches sur les musiciens confrontés aux épidémies. Certains en  ont-ils été victimes ? En sont-ils morts ? 

Eh bien BONNE NOUVELLE  :  il faut croire que la musique protège des virus ! ( cela vient dailleurs confirmer la publication partagée par Judith ). Beaucoup d'épidémies au cours des siècles et très peu de victimes semble-t-il parmi  les musiciens.



Rien que depuis le Moyen-Âge, de nombreuses épidémies ont fait, et font toujours, des ravages.


Épidémie :
" développement et propagation rapide
d'une maladie contagieuse dans une population "



Les maladies récurrentes  qui existent encore aujourd'hui 

Peste :
En particulier la terrible peste noire ou bubonique qui a atteint l'Europe vers 1338 et a duré jusqu'en 1353. Elle y aurait fait environ 20 millions de morts ( et 50 millions dans le monde ).
On retrouve des épidémies de peste à Londres en 1565- 1566. À Marseille en 1720. À Hong Kong en 1894. En Inde en 1994... Aujourd'hui la peste n'a toujours pas complètement disparu et des cas sont régulièrement signalés.

Pour ceux qui cherchent des idées de lecture/relecture : dans Le Temps des amours de Pagnol, un chapître intitulé " Les Pestiférés" est consacré à l'épidémie de 1720 à Marseille. Les réactions des autorités et des différents personnages ne sont pas si différentes des nôtres...

Choléra :
Il sévit depuis 1817 dans le monde et n'a pas disparu non plus. 
L'épidémie de choléra de 1831 en Provence est évoquée dans Le Hussard sur le toit de Giono.

Tuberculose (ou phtisie ) :
Elle a fait des ravages en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles.  En France elle a été éradiquée depuis 1950 grâce au vaccin mais elle sévit encore dans plusieurs pays.
CHOPIN en était atteint. Et, avant lui, probablement PURCELL ( mort en 1695 ), mais ce n'est pas certain.
Pour rester dans le domaine de la musique, Alphonsine Plessis, morte de la tuberculose, a  inspiré Dumas pour son héroïne de La Dame aux camélias, dont Verdi a repris ensuite l'intrigue dans LA TRAVIATA.


La mort de Violetta



Les épidémies récentes 

Grippe bien sûr.
Notamment la terrible grippe espagnole en 1918-1919 ( celle qui a emporté Apollinaire), qui a fait plus de 40 millions de morts ( certains disent 100 millions ). Mais aussi la grippe asiatique en 1956, la grippe de Hong Kong en 1968-1970... Et tous les ans une nouvelle grippe.

SRAS en 2002-2003.

H1N1 en 2009-2010.

Ebola en 2014.

Et le Sida qui, depuis la fin des années 70 a fait environ 40 millions de morts. Plusieurs musiciens, notamment dans le domaine du show-biz, en ont été victimes. Comme KLAUS NOMI, FREDDIE MERCURY, MANO SOLO...


Klaus Nomi, " The Cold Song " de Purcell.
Pas la meilleure version musicalement, 
mais j'adore son extravagance !

 Un duo mprobable :              
Freddie Mercury - Monserrat Caballé 



Mano Solo, " Pas du gâteau "



Les maladies éradiquées 

Variole ( ou petite vérole, à ne pas confondre avec la grande vérole ! ) :
Elle a sévi pendant des siècles,  a fait plus de 300 millions de morts,  a laissé d'affreuses séquelles à ceux qui lui ont survécu. Elle est considérée comme éradiquée depuis 1977 après des années de vaccination.
MOZART ET BEETHOVEN l'ont eue, ont survécu, et en ont gardé des cicatrices.

Rougeole :
On n'y pense pas, mais beaucoup d'entre nous l'ont eue. Elle a quand même fait 200 millions de morts ! Elle est en principe éradiquée grâce au vaccin. Hélas des cas sont réapparus depuis quelques années. Merci aux antivax !


MANU DIBANGO est le premier musicien célèbre mort du covid 19.





Conclusion : malgré mes recherches, je n'ai pas trouvé beaucoup de musiciens professionnels morts d'épidémies. Certes j'en ai forcément oubliés, ceux notamment qui ne font pas partie des célébrités. Mais quand même, cela fait réfléchir...


Donc... ÉCOUTEZ DE LA MUSIQUE, JOUEZ D'UN INSTRUMENT 

ET CHANTEZ, CHANTEZ, CHANTEZ !



ET TOUJOURS : MERCI À TOUS LES SOIGNANTS,

 TOUT PARTICULIÈREMENT  À NOTRE AMIE CHORISTE VÉRONIQUE, 

ET MERCI À TOUS CEUX QUI TRAVAILLENT POUR NOUS.






mardi 24 mars 2020

REPETITION 24 MARS


Le confinement a commencé le mardi 17 mars.

Mardi 24 mars.
Nous continuons les répétitions.
Notre chef a trouvé comment contourner les lois, les règlements, le confinement, la quarantaine, le couvre-feu... Sa recette s'appelle l'imagination, la poésie,  le talent.




Bonsoir…
La majeur comme d’habitude…
Pour les vocalises, vous pouvez retirer vos masques…
Merci…
Vi vi vi vi …
Bonsoir Madame la Présidente… Prenez place…
Reprenons…
Vi vi vi vi pour les soprano…
La alti font ensuite rus rus rus rus et les hommes finissent par Paf !
On y va…
Très bien, mais si les hommes ne frappent pas plus fort le Paf ! on ne va pas s’en sortir…
Un Paf genre Dies irae… Merci…
On reprend… C’est mieux…
Maintenant un peu d’articulation…
La distanciation sociale désociabilise mais sécurise…
Allez, plus vite…
Bonjour Marielle…
Un autre…
Un confiné déconfiné finit plus con qu’un finé déconfini…
Non, là vous me faites de la confiture, c’est hors sujet…
Le confit d’oie aussi…
C’est mieux…
Oui, les ténors, je sais, ça ne veut rien dire mais l’important est ailleurs…
Petite pause, Marie retire son pull…
C’est bien pour aujourd’hui… Asseyez-vous…
Prenons Arvo Pärt…
Ecoutez d’abord le piano et ensuite…
Les basses, qu’est ce que j’ai dit ?
Ecoutez le piano et ensuite on y va, comme si vous veniez de nulle part…
Un peu comme un truc auquel on ne s’attend pas et qui arrive par surprise…
Mais une surprise sournoise…
Le piano scintille (Je veux dire par là le jeu du pianiste, parce que le piano ça fait au moins quinze jours que la poussière n’a pas été époussetée…)
Des petites lumières s’allument dans le piano… Comme un nuage vaporeux empli de petits spoutniks colorés qui tournoient… La brume soulève le couvercle du piano… Tout ce qui est dessus se casse la figure… On avait dit de ne rien poser sur le piano !!!!
Et les petites lumières cheminent vers les choristes… Alors, tour à tour, les quatre parties s’allument et s’éteignent… Un halo de luminescences tournoie… Plus lent… Plus piano encore… Des souffles de vie, de santé… Qui se mêlent les uns aux autres et qui ne font que de la beauté… Rien d’autre… Alors la dernière mesure arrive, le piano (la nuance) devient issimo et se réfugie dans le piano (l’instrument)… Tous les choristes suivent les petites lampes qui elles aussi entrent dans l’instrument… Et tout le monde se retrouve autour du piano… Et le capot se referme comme un coucher de soleil qui se lève…
Pas de commentaires s’il vous plaît…
Qu’est ce que j’ai dit les soprano… Pas de com-men-tai-res…
Nous sommes en place pour la Pavane…
Les hommes d’abord… Enfin… les basses…
Bêêêêle…
C’est pas ça, on reprend…
Belle qui tient ma vie…
Les ténors avec les basses…
Oui, c’est beau…
On se prendrait à vouloir tout écouter de cette manière…
Jalousie des autres pupitres aussitôt dissipée par les alti qui se mêlent à la danse…
Les soprano (ou sopranos ou soprani) font le sucre glace sur le gâteau, la laque sur la mise en plis, le rimmel sur les paupières… Mais surtout la touche céleste, la divine irisation, l’élévation suprême…
Jalousie de trois pupitres… C’est dur la vie d’un chœur, je suis d’accord… Mais celle du chef, qu’est ce que vous en faîtes ?
Enfin la pause…
Je dis enfin, c’est idiot, car la pause, depuis que le football est arrêté, elle est devenue inutile…
Petit conseil de santé d’Aurélie qui nous explique que le meilleur remède c’est tout de même le cidre d’Ouilly le Vicomte… Ou le calva pour les basses…
On reprend…
Mozart…
On ne dira pas le titre, ça pourrait faire peur…
La fugue du Kyrie… Il faut que ça coule, ne pas se raidir, se laisser porter par la structure de la fugue… Se laisser emmener vers les hauteurs avec le génial système de modulation de le dernière partie… On s’élève tout seul, surtout sans effort… Et on grimpe… Fa dièse, sol… Sol dièse… allez, on y est… LAAAAAA…
Bravissimo ! Les roses, les pervenches, les tulipes jaillissent sur la scène…
Le Dies Irae… Pareil, laissez-vous porter par la fureur… Il y a un ennemi, profitez-en… Vouez-le aux flammes de l’enfer, au gel hydroalcoolique, piétinez-le… (Mais allez-vous laver les pieds ensuite…), détruisez-le en chantant à tue-tête sous votre douche, il déteste la justesse, lui, il n’aime que le faux… Alors allez-y… Fortissimo… Il va vous détester…
Lacrimosa ? On change les paroles… Rigolosa, ce sera plus festif… Mais, cependant, comme la caresse d’une main sur la soie d’une peau, avec la conviction d’une douceur accomplie…
22h04… Désolé…
La nuit est revenue, avec ses étoiles qui repartent chacune dans leur petit logis, éclairer d’une lueur harmonique l’optimisme à garder…
Restez bien au chaud de vos intérieurs…
Ne sortez que pour acheter des nouilles et du beurre et un peu de cidre et pas trop de calva…
Faîtes comme ils on dit partout et ailleurs encore…
Et ce que l’on ne peut plus faire maintenant on le fera plus tard…
On a la vie devant nous, nous ne sommes que mardi…
Je vous embrasse tant et plus…
Portez vous bien…
A très bientôt…
Emmanuel





samedi 7 mars 2020

GUILLAUME APOLLINAIRE


Puisque " les dames " de la chorale apprennent deux poèmes  d'Apollinaire mis en musique, voici une petite biographie de celui-ci.




Tout d'abord Guillaume Apollinaire est / et n'est pas son nom... Il s'agit en fait du premier et du dernier prénom d'un nom compliqué : né  à Rome en 1880 d'une mère polonaise ( rattachée à l'empire russe ) et d'un père italien inconnu, il est déclaré sous le nom de Guglielmo Alberto Wladimiro Alessandro Apollinare de Kostrowitzky. Soit, en polonais, Wilhelm Albert Wlodzimierz Aleksander Apolinary Kostrowicki. Et en français GUILLAUME Albert Vladimir Alexandre APOLLINAIRE de Kostrowitzky. 

En 1887 Apollinaire déménage avec sa mère et son demi-frère cadet à Monaco, puis à Cannes, Nice, en Belgique et enfin à Paris en 1900. Il travaille comme employé de banque, écrit dans des journaux et compose ses premiers poèmes.

En 1901 et 1902 il est précepteur en Allemagne et s'éprend de la gouvernante anglaise de son élève, Annie Playden. Mais celle-ci ne répond guère à ses avances... Apollinaire revient à Paris en 1902, Annie retourne en Angleterre et ils se voient de temps en temps jusqu'en 1905, date à laquelle elle part en Amérique. Apollinaire est dépité et c'est pour elle qu'il écrit le poème L'Adieu qui paraîtra en 1913 dans le recueil Alcools.  


Annie Playden


L'adaptation de Léo Ferré 


C'est également de cette époque (1903) que date le  Poème à Yvonne ( une voisine semble-t-il, " La Fée Mélusine  " ).

En 1907 Apollinaire rencontre la peintre Marie Laurencin avec laquelle il aura une relation houleuse. Il s'intéresse au Cubisme, au Surréalisme et fait la connaissance de nombreux artistes d'avant garde comme Picasso, Derain, Vlaminck, le Douanier Rousseau, Dufy, Braque, Matisse... Il écrit de nombreux poèmes qu'il réunira dans son  recueil Alcools ( 1913 ).

En 1914 Apollinaire veut s'engager dans l'armée mais doit d'abord obtenir sa naturalisation. Il rencontre alors à Nice Louise de Coligny-Châtillon ( "Lou" ), ils entretiennent une relation épisodique dont sortira le recueil Poèmes à Lou. Il est autorisé à partir à la guerre en 1915. Depuis le front de Champagne, il entretient une correspondance fournie avec Lou mais aussi avec Madeleine Pagès, rencontrée dans un train et avec laquelle il se fiance.

En 1916 il est naturalisé français . Gravement blessé à la tempe, il doit être trépané. Il rompt avec Madeleine.

En 1917, ne pouvant retourner au front, il est rattaché au Ministère de la guerre.

En 1918 il épouse Jacqueline Kolb.

Le 9 novembre de cette année 1918 il meurt de la grippe espagnole, à 38 ans ( du fait que sa blessure de guerre l'a affaibli, il est déclaré  " mort pour la France "). Il est enterré au Père- Lachaise, où son monument est conçu par ses amis artistes.






Apollinaire est considéré comme l'un des plus grands poètes du XXème siècle. Plusieurs de ses poèmes ont été adaptés en chansons (parmi les plus célèbres : " Le Pont Mirabeau "). Il a aussi écrit des " Calligrammes " ( poèmes en forme de dessins ), des romans, des contes ( notamment érotiques )...





Et pour finir, voici le texte complet du Poème à Yvonne, alias La Fée Mélusine ! ( nous n'en chantons que la dernière strophe )


poétiques