lundi 3 février 2020

LA PRONONCIATION DU LATIN

Dans la musique sacrée,  beaucoup de textes sont en latin. Et il arrive parfois que les choristes s'interrogent sur la prononciation de tel ou tel mot. Ce n'est pas toujours facile de répondre car il existe plusieurs prononciations du latin...

La prononciation restituée


C'est la prononciation utilisée dans la Rome antique. On la connaît grâce à des indications données par des auteurs de cette période et grâce à des études linguistiques sur  l'évolution de certains mots dans différentes langues. ( Elle est contestée par quelques spécialistes qui la trouvent insuffisamment fondée. )
C'est cette prononciation qui est enseignée aux élèves latinistes .
C'est une prononciation simple et sobre. 

1) Toutes les lettres se prononcent.

Rosae = rosa-é et non rosé ! Aeternam = a-éternam. 

2) Une lettre se prononce toujours de la même façon. 

C = toujours dur = k : fecit = fékite et non fessite ou fetchite.
Ch = k 
E = é ou è : domine = dominé
G = toujours dur = gu  : surget = sourguette et non surjette ou sourdjette 
J = y : judex = youdex
R = roulé 
S = toujours  ss : lacrimosa = lacrimossa
T = toujours t : orationem = orati-onem  et non orassionem
U = ou : dominus = dominousse
V = w : veniet = wéniette
X = toujours = ks : exit = ekcite et non egzite 
Y ( rare en latin ) = u : Kyrie = kurié. Eh oui...😀

J'ai pris la plupart des exemples dans le Requiem. Si on transpose le texte en latin restitué ça fait tout bizarre !
Par exemple : " Dies ira-é dies illa solwet sa-éclum in fawilla teste Dawid cum Sibulla... "

La prononciation d'église 


C'est la prononciation que nous utilisons ( avec parfois quelques doutes... ) Et c'est la  plus utilisée partout et toujours. C'est la prononciation à l'italienne.  Elle s'est imposée d'une part car c'est le Vatican qui fixe la plupart des règles en matière de musique religieuse et d'autre part car les compositeurs italiens sont depuis longtemps renommés et influents. En plus on a l'impression que fetchite ou sourdjette ça fait mieux que fékite ou sourguette ! 😉

Pour ceux et celles que la question passionnerait 😀   je mets un lien vers un fichier détaillé. Il peut d'ailleurs nous aider en cas de doute.

Latin italien


La prononciation à la  française 


Ben oui, quand même, il fallait bien que les français ajoutent leur grain de sel ! 

Depuis plusieurs années, les ensembles qui chantent de la musique sacrée française du XVIIème et du début du XVIIIème siècles ( Lully, Charpentier, Lalande, Campra, Rameau, Mondonville... ) prononcent le latin comme les Français de l'époque. Instruments d'époque, prononciation d'époque ! Cette prononciation est proche de la nôtre. Et donc cela nous donne : dominusse, sanctusse, Te Deom, fécite... Dominusse vobiscome, Déusse passème fécite... etc... Ça fait tout drôle ! 

Je joins un autre lien sur ce sujet.

Latin français 

Ainsi que deux exemples.

André Campra, "Notus in Judea Deus"
Le Concert spirituel, Hervé Niquet
( On entend bien la prononciation )


Jean-Joseph Cassanea de Mondonville, " Dominus regnavit "
( Un compositeur génial injustement méconnu )
Les Arts Florissants, William Christie


Et rien que pour la beauté , un troisième exemple !
" Elevaverunt flumina "
Par les mêmes 


Et pour le Requiem de Mozart, c'est la prononciation à l'italienne.  Celle qu'on aime bien ! 

3 commentaires:

  1. Bravo Béatrice pour la prononciation latine.... J'en perds mon latin.... J'ai l'impression, avec Mozart de faire un joyeux mélange des 2 prononciations.... 8 ans de latin ça laisse des traces !!

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    1. Ah ah ! Mozart c'est la prononciation à l'italienne. Par chance les autrichiens et les allemands n'ont pas rajouté une prononciation " à la germanique " 😁

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  2. Bonjour Béatrice, merci pour ton blog dont tu nous a indiqué le lien. On apprend toujours de nouvelles choses.
    Pour la prononciation du latin je n'ai pas l'expérience des années de latin de Laurence, mais j'en ai fait un peu en 5e et effectivement on nous apprenais la prononciation que tu décris. C'est vrai que la prononciation à l'italienne et encore plus celle des baroqueux actuels ; qui par soucis d'autenticité prononcent comme les français du XVIIIe siecle ; me choque.
    J'ajouterais un autre détail à ton guide de la prononciation réelle du latin des premiers siècles : la prononciation de GN
    la encore les prononciations sont variées (je viens de tester le traducteur avec vocalisation de Google qui me contredit)
    Agnus = agh-nous et non agnous
    Magnificat = magh-nificate
    Ignis = Igh-nis
    etc.
    Merci de me corriger si je me suis trompé, mais en tout cas c'est ce que j'avais appris à l'école.
    cordialement
    Bernard

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