mardi 18 février 2020

ARVO PÄRT



ARVO PÄRT est né en 1935 en ESTONIE.

Il apprend d'abord le piano, puis le hautbois, les percussions, le chant... et commence à composer vers 14 ans.

En 1954 il entre à l'École de Musique de Tallinn. Mais peu après son admission il doit interrompre ses études pour effectuer son service militaire pendant 2 ans. La vie militaire ne l'enthousiasme pas, même s'il joue dans la fanfare... 
Il reprend ses cours en 1956 et entre au Conservatoire de Tallinn en 1957 pour en sortir en 1963. Parallèlement au Conservatoire il travaille comme ingénieur du son à la radio estonienne de 1958 à 1967. Il compose également de la musique pour le théâtre et le cinéma.  

Mais Arvo Pärt est aussi le créateur d'une musique d'avant-garde que le régime communiste considère comme "décadente" car elle a des points communs avec la musique occidentale de l'époque ; de plus elle est souvent d'inspiration religieuse. Il utilise la technique des " collages " , comme dans son Credo où il insère un prélude de Bach, qui apparaît, disparaît dans une sorte de chaos, réapparaît... Or Bach est mal vu par le Parti !  ( C'est un occidental, un luthérien, qui a composé de la musique religieuse, autant dire un dégénéré  ! ) Quant au titre, " Credo", évidemment il dérange... Malgré son grand succès dès le premier concert, cette oeuvre  est interdite et Arvo Pärt subit plusieurs interrogatoires : on veut savoir quel est l'objectif politique de son Credo !

Credo ( 1968 )
Orchestre national d'Estonie

Tant et si bien qu'Arvo Pärt abandonne la composition en 1968. Il est non seulement victime de la censure, mais il est aussi en pleine remise en question, il se cherche. Il se passionne pour les chants orthodoxes, les chants grégoriens, la musique du Moyen- Âge et de la Renaissance ( Guillaume de Machaut, Josquin Des Prés... ) Hum, pas très politiquement correct tout ça  !

Il se remet à la création en 1976. Après 8 ans de recherches, il a trouvé son style, novateur et unique, qu'il appelle lui-même " style tintinnabuli "( en référence aux cloches et clochettes des églises. ) Il s'agit d'une musique très épurée et très mystique, simple en apparence mais en réalité complexe et subtile. 

Für Alina ( 1976 )
Piano : Jürgen Kruse


De Profundis ( 1980 )
The Hilliard Ensemble

En 1980 Pärt émigre à Vienne puis à  Berlin Ouest. Il ne revient en Estonie qu'en 2010. Il s'installe à Tallinn, où il vit toujours.

Il est considéré comme l'un des plus grands compositeurs contemporains et a reçu de nombreux prix.



Le morceau que nous chantons " Da Pacem Domine "a été commandé à Arvo Pärt par Jordi Savall à la suite des attentats de Madrid du 11 mars 2004. Il a aussi été chanté dans plusieurs villes après les attentats de Paris en 2015.

Da Pacem ( 2004 )
Jordi Savall


France Musique a consacré dernièrement un épisode de l'émission " Musicopolis " à L'Abbé Agathon d'Arvo Pärt. Je vous le conseille !
Lien Émission

lundi 3 février 2020

LA PRONONCIATION DU LATIN

Dans la musique sacrée,  beaucoup de textes sont en latin. Et il arrive parfois que les choristes s'interrogent sur la prononciation de tel ou tel mot. Ce n'est pas toujours facile de répondre car il existe plusieurs prononciations du latin...

La prononciation restituée


C'est la prononciation utilisée dans la Rome antique. On la connaît grâce à des indications données par des auteurs de cette période et grâce à des études linguistiques sur  l'évolution de certains mots dans différentes langues. ( Elle est contestée par quelques spécialistes qui la trouvent insuffisamment fondée. )
C'est cette prononciation qui est enseignée aux élèves latinistes .
C'est une prononciation simple et sobre. 

1) Toutes les lettres se prononcent.

Rosae = rosa-é et non rosé ! Aeternam = a-éternam. 

2) Une lettre se prononce toujours de la même façon. 

C = toujours dur = k : fecit = fékite et non fessite ou fetchite.
Ch = k 
E = é ou è : domine = dominé
G = toujours dur = gu  : surget = sourguette et non surjette ou sourdjette 
J = y : judex = youdex
R = roulé 
S = toujours  ss : lacrimosa = lacrimossa
T = toujours t : orationem = orati-onem  et non orassionem
U = ou : dominus = dominousse
V = w : veniet = wéniette
X = toujours = ks : exit = ekcite et non egzite 
Y ( rare en latin ) = u : Kyrie = kurié. Eh oui...😀

J'ai pris la plupart des exemples dans le Requiem. Si on transpose le texte en latin restitué ça fait tout bizarre !
Par exemple : " Dies ira-é dies illa solwet sa-éclum in fawilla teste Dawid cum Sibulla... "

La prononciation d'église 


C'est la prononciation que nous utilisons ( avec parfois quelques doutes... ) Et c'est la  plus utilisée partout et toujours. C'est la prononciation à l'italienne.  Elle s'est imposée d'une part car c'est le Vatican qui fixe la plupart des règles en matière de musique religieuse et d'autre part car les compositeurs italiens sont depuis longtemps renommés et influents. En plus on a l'impression que fetchite ou sourdjette ça fait mieux que fékite ou sourguette ! 😉

Pour ceux et celles que la question passionnerait 😀   je mets un lien vers un fichier détaillé. Il peut d'ailleurs nous aider en cas de doute.

Latin italien


La prononciation à la  française 


Ben oui, quand même, il fallait bien que les français ajoutent leur grain de sel ! 

Depuis plusieurs années, les ensembles qui chantent de la musique sacrée française du XVIIème et du début du XVIIIème siècles ( Lully, Charpentier, Lalande, Campra, Rameau, Mondonville... ) prononcent le latin comme les Français de l'époque. Instruments d'époque, prononciation d'époque ! Cette prononciation est proche de la nôtre. Et donc cela nous donne : dominusse, sanctusse, Te Deom, fécite... Dominusse vobiscome, Déusse passème fécite... etc... Ça fait tout drôle ! 

Je joins un autre lien sur ce sujet.

Latin français 

Ainsi que deux exemples.

André Campra, "Notus in Judea Deus"
Le Concert spirituel, Hervé Niquet
( On entend bien la prononciation )


Jean-Joseph Cassanea de Mondonville, " Dominus regnavit "
( Un compositeur génial injustement méconnu )
Les Arts Florissants, William Christie


Et rien que pour la beauté , un troisième exemple !
" Elevaverunt flumina "
Par les mêmes 


Et pour le Requiem de Mozart, c'est la prononciation à l'italienne.  Celle qu'on aime bien !